Nous avions promis de revenir avec plus de vent sur ces cotes morbihannaises, et cette semaine de fin de printemps n’aura pas déméritée. 4 récidivistes et 1 jeune matelot ont ainsi affronté 4-5B à dominante Ouest et 2-3m de houle pendant une très belle semaine au départ de Port Haliguen.
La monture est à nouveau un récent RM 1180 loué auprès des excellents Alternative Sailing (biquille, mono-safran, mat et voile carbone). Si le bateau avait fait ses preuves comme espace de vie extérieur par canicule, il nous aura ici démontré ses formidables performances à toutes les allures, même au près. Le speedo trouvera un ancrage dans les 10nd, descendra rarement sous les 8nd, et nous offrira quelques pointes à 12nd.
Samedi 25 mai : notre sympathique loueur nous a permis de dormir à bord avant la prise de contrôle officielle, nous nous sommes donc réveillés en ayant déjà pris nos marques. Un ravitaillement conséquent plus tard, nous sommes déjà dans la baie de Quiberon pour un échauffement digne de ce nom : la houle n’est pas encore là et le vent n’est « que » de 15 nœuds, ce qui permet à l’équipage de revoir les manœuvres de base et de se mettre rapidement dans l’ambiance. L’indispensable Navily nous a trouvé ce qui s’avérera être notre seul mouillage de la semaine, la plage à canoës au nord d’Hoëdic. Échauffement aussi pour notre Wing-man dont le matos semble être en place !
Dimanche 26 mai : nous attaquons les choses sérieuses : direction l’île d’Yeu. La mer est à nous, rien qu’à nous. Trop de vent pour le spi qui restera dans les soutes toute la semaine. Deux grands bords de grand-largue nous permettent de laisser les éoliennes à bâbord. C’est la grande révélation pour notre jeune matelot : surfeur des neiges et vétéran des raids vélo/moto, il découvre que 8 tonnes de bois et de plomb à 11nd dans 3m de mer peuvent être très très drôles. Seulement voilà, les poissons découvriront avec gourmandise que l’équipage n’est pas encore tout à fait amariné et nos braves marins se replient sur l’Herbaudière à la pointe de Noirmoutier pour un apéro au soleil et un diner dont les vendéens ont le secret.
Lundi 27 mai : ce sera l'autre bonne surprise de ce séjour. Alors que le capitaine craint d'avoir mangé son pain blanc et de devoir subir une remontée pénible sur plusieurs jours, le vent permet une route quasi directe vers Pornichet à vitesse et confort pour tous. Une étape étonnamment (trop ?) courte qui permet à l'ailier de faire de l'ailier et de nous permettre de passer la nuit côte à côte avec le grand professeur Wisamo et de nous faire tatouer par le vroom-vroom club. Quant à Pornichet : bof bof : pas la bonne date, pas la bonne ambiance, pas le bon temps, port trop loin de tout…
Mardi 28 mai : une étape à peu près similaire pour se diriger vers Le Palais : sensiblement ouvert au près, une mer bien formée mais en phase avec le vent et personne en route. Mais quelle ambiance différente à l’arrivée ! Il s’agit d’un vrai port, où le mouillage n’est pas standardisé et où les murs respirent l’histoire. Un accueil VHF très succinct et une capitaine de port sur son zodiac qui en a vu d’autres, nous voilà amarrés à 4 siècles d’histoire vaubanesque ; dommage que le fort ne se visite pas. L’accueil des insulaires hors saison sera exceptionnel : Lucienne, Léa, Léanne, Laura, … les saisonnières prennent possession des lieux avant les premiers touristes et elles débordent d’énergie bienveillante (des échecs ivres ça vous dit ?). Trop ! dira le dernier noctambule du petit matin.
Mercredi 29 mai: c'est un pari avec la météo, si la remontée vers Groix semble très faisable, il faudra ensuite rentrer d'une traite le lendemain. Ce sera une étape très humide, avec un enchaînement régulier de grains et de navigation aux instruments : aucun visuel sur Groix à moins de trois milles. Mais en prime du mauvais temps et de l'intersaison, nous pourrons nous amarrer chez les pêcheurs dans le port intérieur pour déguster nos premières galettes et rendre hommage à Ti Beudeff.
Jeudi 30 mai : la journée commence pour le mieux avec un troc astucieux avec nos voisins préférés (et de bons conseils culinaires) : deux belles langoustes à prix cassé et trois araignées en guise de friandise. La traversée vers Quiberon sera ensuite parfumée des vapeurs successives de la cocotte minute. Le soleil brille, il souffle à 23 nœuds, et nous traçons la route à 11 nœuds de moyenne toutes voiles dehors : quatre belles étapes à 150° et autant d’empannages que dans les livres pour éviter un vent arrière plein. Il faudra réduire (dans les vraies conditions !) pour traverser la Teignouse et remonter vers Port-Haliguen en s’entraînant à des virements de bord en solitaire. Une dernière séance d’aile et un peu de rangement avant une douche « on nettoie tout », un apéro « on vide tout », et un repas « on mange les petits louveteaux ». Et une longue soirée au Barantyno's, le seul bar de Quiberon ouvert après minuit où les forces spéciales d'intervention maritime nous montreront leurs tatouages maoris « garantis de là-bas mais on ne peut pas en dire plus ».
Bilan très positif avec un marin désormais barreur officiel, un équipage plus qu'expérimenté et une maîtrise progressive des manœuvres moteur (même si toujours stressantes) et de la navigation électronique (c'est top, une fois que tout est bien calibré). On reviendra mais pas forcément tout de suite. Prochaine étape : Bretagne Nord, Croatie, Corse ou Norvège ?
Remarques sur le matériel :
- Les ventouses pour les planchers, c’est enquiquinant
- Le tiroir de cuisine dans la descente est à revoir.
- Les cale-pieds du barreur doivent revoir leur ergonomie.
- Le bateau est top.
- Le mât en carbone aide, mais le régleur doit suivre aux écoutes.
- Les winch sont toujours sous-dimensionnés.